Cette nature morte réalisée a été obtenue à partir d'un film Polaroïd, d'encre d'impression, d'eau et de savon.
Le choix d'effectuer un travail lié à la nature morte m’est apparu avec l’envie de composer des images et d’agir sur la composition de celles-ci. Ce thème, particulièrement développé au cours du XVII ème siècle me permet d’évoquer la corruption de toute matière, la fuite du temps et la fragilité de la vie en mettant en avant aussi bien le sujet présenté que l’outil de représentation de celui-ci. L’acte photographique s’opère lors du choix du sujet, des objets, du fond, de la lumière puis du cadrage et laisse apparaître une image qui est directement travaillée afin de pouvoir plus facilement jouer sur la chimie. L’instantané n’est plus, l’image apparait puis doit être travaillée avec différentes encres d’impression et la pression exercée sur le film à différents endroits donne l’impression de sculpter le modèle. Cette image transformée se dégrade au fil des injections et des différentes pressions effectuées afin d’obtenir un vieillissement. Son craquèlement, non sans rappeler la peinture à l’épreuve du temps nous révèle une certaine fragilité de l’image, se décomposant comme son sujet avec le temps. Le choix du Polaroïd ainsi que des encres fragilise l’image qui, au fil des années est amenée à se dégrader jusqu’à perdre la beauté entrevue par le photographe. Le résultat obtenu à travers ces différentes étapes est figé à travers une prise de vue du Polaroïd en très haute définition afin de permettre l'impression, numérique cette fois, de l'image en grand format. Ce changement d'échelle permet une autre lecture de l'image, les détails jusqu'alors peu perceptibles à l'oeil nu se révèlent au spectateur, la composition dévoile une partie de sa construction. S'opère aussi un jeu entre le film Polaroïd original et sa photographie au format numérique ; la question de la représentation et du vieillissement se pose. Que restera t'il? L'image numérique, prise au moment ou l'image était la plus belle, la plus forte est elle véritablement représentative de l'originale, vieillissante et vouée à disparaître? "Nature morte", Impression numérique 1,75 m x 1,75 m d'une émulsion de film Polaroid à l'encre, huile et eau, 2017
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